Roland-Garros fait revenir ses navettes autonomes

L'édition 2025 de Roland-Garros confirme l'intégration durable du transport autonome dans l'événement sportif. Pour la deuxième année consécutive, des navettes sans conducteur parcourent le site du Grand Chelem parisien, transportant gratuitement les spectateurs sur un circuit de 2,8 kilomètres. Cette reconduction du partenariat Renault-WeRide valide la fiabilité de cette technologie émergente en conditions réelles d'exploitation.

Genèse d'une expérimentation française

L'aventure débute en 2024 lorsque Renault, partenaire premium du tournoi depuis 2022, choisit Roland-Garros comme laboratoire grandeur nature pour tester le transport autonome. Cette décision s'inscrit dans la stratégie du constructeur français visant à développer des solutions de mobilité décarbonée adaptées aux besoins territoriaux.

Roland-Garros présente un terrain d'expérimentation idéal : des centaines de milliers de spectateurs concentrés sur deux semaines, créant des défis logistiques complexes et des conditions de circulation variables. L'alliance avec WeRide, spécialiste chinois présent dans près de 30 villes mondiales, apporte l'expertise technologique nécessaire à cette ambition française.

Autonomie niveau 4 : la conduite sans compromis

Ces navettes électriques opèrent selon le standard d'autonomie de niveau 4, soit une conduite entièrement automatisée dans un environnement géographique délimité. Contrairement aux systèmes d'aide à la conduite classiques, aucune intervention humaine n'est requise sur le parcours prédéfini.

L'architecture technique repose sur une batterie de capteurs sophistiqués couplée au logiciel propriétaire de WeRide. Cette combinaison permet aux véhicules de naviguer en temps réel dans un environnement urbain dense, analysant obstacles, piétons et conditions météorologiques. Chaque navette transporte une vingtaine de passagers à des vitesses modulées entre 30 et 70 km/h selon le contexte de circulation.

L'édition 2025 enrichit l'offre avec l'introduction d'un service nocturne de 22h à minuit, complétant les créneaux diurnes de 10h30 à 17h et de 18h à 20h. Cette extension démontre la capacité du système à fonctionner efficacement même en conditions de faible luminosité.

Un circuit pensé pour l'expérience spectateur

Le trajet relie stratégiquement l'Avenue de la Porte d'Auteuil, la Place de la Porte d'Auteuil, le parking P1 Carrefour des Anciens Combattants et le Village de Roland-Garros. Le parcours de 12 minutes environ offre une alternative pratique aux transports classiques, particulièrement appréciée lors des pics d'affluence.

L'accès gratuit sans réservation démocratise cette technologie auprès d'un public varié. VIP et médias bénéficient d'arrêts prioritaires, tandis que les visiteurs ordinaires découvrent concrètement le transport autonome. L'absence d'incidents majeurs lors de la première édition a renforcé la confiance des utilisateurs, qui saluent la fluidité du service.

Cette expérimentation dépasse le simple gadget technologique. Elle valide l'approche pragmatique de Renault, qui privilégie les usages collectifs aux véhicules particuliers autonomes pour accélérer l'adoption de cette technologie.

Tremplin vers la commercialisation

Roland-Garros constitue une vitrine pour les ambitions industrielles françaises. Renault projette le déploiement d'une plateforme robotisée de minibus électriques basée sur le nouveau Master d'ici la fin de la décennie. Une opération pilote démarrera à Châteauroux en 2026, préfigurant une commercialisation vers 2027-2028.

Cette stratégie répond aux besoins croissants de mobilité décarbonée des collectivités territoriales. Patrick Vergelas, responsable du projet Mobilité Autonome chez Renault, confirme que "la société est déjà prête pour le transport public autonome". La collaboration franco-chinoise avec WeRide accélère ce développement en capitalisant sur l'expertise acquise lors des déploiements internationaux.

La reconduction à Roland-Garros valide définitivement la maturité de cette technologie pour le transport public français. Châteauroux marquera potentiellement l'entrée commerciale de la France dans l'ère du transport automatisé.