Orange se recentre sur les télécoms et cède sa filiale énergie polonaise
Orange Polska vend Orange Energia pour 28M€ : retour aux fondamentaux télécoms dans le cadre de sa stratégie "Lead the Future".

Orange Polska vient de concrétiser la vente d'Orange Energia au groupe finlandais Fortum pour un montant pouvant atteindre 120 millions de zlotys (28 millions d'euros). Cette cession stratégique, annoncée le 24 avril 2025, marque une étape significative dans le recentrage du groupe télécoms sur son cœur de métier.
Un désengagement calculé du secteur énergétique
La transaction s'articule autour d'un paiement initial de 90 millions de zlotys à la clôture de l'opération, prévue pour juin-juillet 2025. Le solde de 30 millions sera versé d'ici début 2029, sous réserve d'atteinte d'objectifs précis en volume de ventes d'électricité. L'accord comprend également un partenariat commercial permettant à Fortum d'utiliser le réseau de distribution d'Orange Polska jusqu'à fin 2028 minimum.
Cette cession intervient après une période difficile pour Orange Energia, qui a enregistré en 2024 un EBITDA négatif de 22 millions de zlotys (5 millions d'euros), conséquence directe des mesures gouvernementales de plafonnement des prix de l'électricité en Pologne. Les clients actuels conserveront leurs conditions contractuelles après le changement de propriétaire.
Orange Energia : une diversification qui n'aura pas tenu ses promesses
Lancée en 2015 en partenariat avec le producteur d'électricité Polenergia, Orange Energia représentait pour l'opérateur une tentative de diversification au-delà des télécommunications traditionnelles. Cette stratégie, initiée dans un contexte de recherche de nouveaux relais de croissance, visait à capitaliser sur la marque et le réseau de distribution existant pour conquérir de nouveaux marchés.
En une décennie, la filiale a constitué un portefeuille d'environ 130 000 contrats, répartis entre particuliers et PME. Malgré cette base client substantielle, les contraintes réglementaires du marché polonais et la complexité d'un secteur hautement spécialisé ont limité le potentiel de développement de cette activité au sein du groupe télécom.
"Lead the Future" : le recentrage stratégique d'Orange
Cette cession s'inscrit parfaitement dans la stratégie "Lead the Future" d'Orange, dévoilée début 2024, qui vise à recentrer le groupe sur son cœur de métier : télécommunications et services numériques. Cette orientation stratégique s'articule autour de quatre axes essentiels : renforcement du core business, transformation des services B2B, croissance en Afrique/Moyen-Orient et innovation responsable.
Pour Orange Polska, ce désengagement permet de concentrer ses ressources financières et managériales sur son activité principale en pleine transformation : déploiement de la 5G, développement de la fibre optique et création de nouveaux services numériques à forte valeur ajoutée. Cette approche répond aux défis majeurs du secteur télécom : intensification de la concurrence, nécessité d'investissements massifs dans les infrastructures et évolution des attentes clients.
"Cette transaction nous permet de nous concentrer sur notre cœur de métier, tout en assurant la continuité de service pour nos clients énergie", indiquait un communiqué de la direction d'Orange Polska lors de l'annonce.
Le groupe confirme ainsi sa volonté de privilégier l'excellence opérationnelle dans son domaine d'expertise historique plutôt que de poursuivre une diversification tous azimuts.
Un recentrage différencié selon les marchés
Curieusement, cette stratégie de recentrage n'est pas homogène dans tous les marchés du groupe. En Espagne, MasOrange (issu de la fusion MasMovil/Orange) a lancé une offre énergétique sous marque Orange en septembre 2024. En Afrique et au Moyen-Orient, Orange propose également des services énergétiques dans près de 20 pays, principalement sous forme de kits solaires pour zones non électrifiées.
Ces approches contrastées illustrent la flexibilité stratégique du groupe selon les spécificités régionales. Dans les marchés matures et fortement concurrentiels comme la Pologne, la concentration sur le cœur de métier prévaut. Dans les marchés émergents où les infrastructures énergétiques sont déficientes, la diversification répond à des besoins locaux spécifiques et génère des synergies avec les activités télécoms.
Une tendance lourde dans le secteur des télécoms
Orange n'est pas le seul acteur télécom à revoir sa stratégie de diversification. Plusieurs opérateurs européens ont récemment cédé des actifs non stratégiques pour se recentrer sur leur cœur de métier, face à la nécessité d'investir massivement dans les nouvelles infrastructures (5G, fibre) et de développer des services numériques innovants.
Cette tendance traduit la reconnaissance des limites de la stratégie "opérateur multiservice" qui avait séduit de nombreux acteurs du secteur à la fin des années 2010. La complexité des marchés adjacents et l'intensité capitalistique du secteur télécom imposent désormais des choix stratégiques plus précis et une allocation optimisée des ressources.
Pour Orange, ce recentrage s'accompagne d'un renforcement des investissements dans les technologies émergentes comme l'intelligence artificielle, le cloud et la cybersécurité. Des domaines où l'opérateur peut valoriser ses compétences technologiques et sa connaissance client.
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