Orange Égypte décroche 80M$ pour sa licence 5G
Orange Égypte obtient 80M$ de la BERD pour sa licence 5G. Une étape clé dans la course à la modernisation numérique du pays le plus peuplé du monde arabe.

Orange Égypte vient de boucler un financement de 80 millions de dollars pour acquérir sa licence 5G auprès des autorités égyptiennes. Cette opération, menée conjointement par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque Misr, positionne l'opérateur français parmi les acteurs majeurs de la transformation numérique dans le pays le plus peuplé du monde arabe.
Un déploiement 5G qui rattrape son retard
L'Égypte a pris son temps pour orchestrer l'arrivée de la 5G. Contrairement aux pays du Golfe qui ont foncé tête baissée dès 2019, les autorités égyptiennes ont préféré une approche progressive. Telecom Egypt, l'opérateur historique public, a ouvert le bal en janvier 2024 avec un investissement de 150 millions de dollars. Neuf mois plus tard, les trois opérateurs privés (Vodafone, Orange et e&) ont emboîté le pas en octobre 2024 pour un montant total de 675 millions de dollars.
Cette séquence révèle une stratégie délibérée : tester le marché avec l'opérateur public avant d'ouvrir la compétition aux acteurs privés. L'investissement cumulé de 825 millions de dollars témoigne de l'appétit des opérateurs pour un marché de plus de 100 millions d'habitants.
Performance et efficacité énergétique au menu
La 5G, ce n'est pas juste de la 4G avec un chiffre en plus. Cette technologie promet des débits jusqu'à 20 Gbps contre 1 Gbps maximum pour sa devancière, de quoi télécharger un film en 4K en quelques secondes au lieu de plusieurs minutes. Mais le véritable atout réside dans sa latence ultra-faible (moins de 1 milliseconde) qui ouvre la voie aux applications temps réel : chirurgie à distance, conduite autonome, réalité augmentée fluide.
L'argument environnemental pèse lourd dans la balance. Orange Égypte anticipe une réduction de ses émissions de CO2 de plus de 1,74 million de tonnes par an grâce à l'efficacité énergétique supérieure de la 5G. La technologie consomme moins d'énergie par bit transmis, un atout non négligeable quand on sait que les télécoms représentent 4% des émissions mondiales.
Les opérateurs égyptiens misent principalement sur la bande 2,6 GHz, déjà utilisée pour la 4G. Cette continuité facilite la transition technologique et optimise les investissements existants en infrastructure.
Villes intelligentes et industrie 4.0 en ligne de mire
Le gouvernement égyptien ne cache pas ses ambitions. La stratégie "Digital Egypt 2030" fait du numérique le moteur du développement socio-économique national. La 5G doit transformer l'éducation avec des cours en réalité virtuelle, révolutionner la santé avec la télémédecine de précision, et moderniser l'agriculture grâce aux capteurs IoT connectés.
L'industrie 4.0 constitue un enjeu majeur. Les usines connectées permettront de surveiller la production en temps réel, d'optimiser les chaînes logistiques et de réduire les défauts de fabrication. Pour un pays qui mise sur son redressement économique, ces gains de productivité sont cruciaux.
Avec un taux de pénétration mobile de 95%, l'Égypte dispose d'une base solide pour accélérer l'adoption de ces nouveaux services. Le défi consiste maintenant à développer un écosystème d'applications qui exploiteront pleinement le potentiel de cette technologie.
Une montée en puissance régionale
Au niveau régional, l'Égypte rattrape son retard sur les pays du Golfe. Selon la GSMA, 50% des connexions mobiles de la région MENA basculeront vers la 5G d'ici 2030, avec une pénétration de 95% dans les États du Golfe contre 44% dans le reste de la région. Cette dynamique place l'Égypte en position stratégique pour attirer les investissements technologiques.
La concurrence s'annonce féroce entre les quatre opérateurs égyptiens. Vodafone domine avec 43% de parts de marché, suivi d'e& (31%), Orange (24%) et Telecom Egypt (11%). L'arrivée de la 5G pourrait rebattre les cartes, particulièrement si Orange parvient à capitaliser sur son expertise européenne en matière de services premium.
L'implication de la BERD, qui a investi plus de 13,2 milliards d'euros en Égypte depuis 2012, témoigne de la confiance internationale dans le potentiel de transformation numérique du pays. Cette institution finance également plus de 750 PME égyptiennes, créant un écosystème favorable à l'innovation.
Le financement obtenu par Orange Égypte marque une étape décisive dans la modernisation des télécommunications égyptiennes et confirme l'engagement des investisseurs dans la transformation numérique du pays. Avec tous les opérateurs désormais équipés de licences 5G, l'Égypte dispose des outils pour rejoindre le peloton de tête régional et concrétiser sa vision "Digital Egypt 2030".
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