Orange Business se positionne sur l'échiquier de la défense
Orange Business lance sa division "Défense et Sécurité" et remporte un contrat majeur de supercalculateur militaire, bousculant l'échiquier traditionnel du secteur.

L'opérateur historique des télécommunications françaises déploie sa stratégie dans le secteur régalien. Avec la création d'une division spécialisée en début d'année et une première victoire technique majeure, Orange Business entend capitaliser sur un marché en pleine expansion depuis les tensions géopolitiques récentes.
L'émergence d'un nouvel acteur dans un secteur stratégique
Début 2025, Orange Business a discrètement lancé une nouvelle ligne métier baptisée "Défense et Sécurité". Cette division, dirigée par Nassima Auvray, ancienne conseillère innovation du ministère des Armées, rassemble actuellement 300 collaborateurs. La structure devrait poursuivre son développement dans les prochains mois selon les ambitions affichées par le groupe.
L'opérateur, dont l'État français détient 13,4% du capital, mise sur cette verticale pour tirer parti d'un contexte favorable aux investissements dans les technologies de défense. Le déclenchement du conflit ukrainien il y a plus de trois ans a en effet insufflé une dynamique sans précédent dans ce secteur traditionnellement stable.
Une approche globale face à des concurrents établis
La stratégie d'Orange s'articule autour de l'ensemble de ses expertises technologiques : data, cloud, cybersécurité et intelligence artificielle. Cette approche intégrée constitue la colonne vertébrale de son offre pour répondre aux besoins spécifiques des acteurs de la défense et de la sécurité civile.
Pour s'imposer rapidement, l'opérateur calque son organisation sur celle des entreprises de services numériques (ESN) déjà bien implantées dans l'écosystème. Les concurrents ne manquent pas : Sopra Steria, Capgemini et Accenture figurent parmi les poids lourds du secteur que le groupe devra affronter pour remporter les grands appels d'offres publics et séduire les industriels.
Un premier coup d'éclat face au champion national
Orange Business a déjà marqué les esprits en remportant, aux côtés de Hewlett Packard Enterprise (HPE), le marché stratégique des supercalculateurs de l'Agence ministérielle pour l'intelligence artificielle de défense (AMIAD). Ce contrat, estimé entre 200 et 300 millions d'euros, était initialement pressenti pour revenir à Atos, l'un des champions français du secteur.
La Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information (DIRISI) a présélectionné le duo HPE-Orange pour ce projet d'envergure. Le supercalculateur, qui sera installé au Mont Valérien, servira aux forces armées, à la DGSE et aux industriels de défense français. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a lui-même souligné la supériorité "anormale" de l'offre en termes de capacités technologiques, prix et délais.
"Ce succès démontre notre capacité à apporter des solutions concrètes et compétitives dans un domaine hautement stratégique", indiquent des sources proches du dossier.
Des atouts différenciants dans un marché exigeant
Pour ce positionnement ambitieux, Orange Business s'appuie sur plusieurs piliers stratégiques. La cybersécurité constitue l'un des leviers majeurs avec Orange Cyberdefense, filiale qui protège plus de 50 000 entreprises dans le monde et approche le milliard d'euros de chiffre d'affaires.
L'entreprise déploie également des moyens commerciaux considérables, envoyant des délégations importantes lors des rencontres entre l'État et les industriels de défense. Cette présence massive témoigne de la détermination du groupe à s'imposer rapidement dans cet écosystème où les relations institutionnelles jouent un rôle déterminant.
La création de cette division s'inscrit dans la stratégie "Lead the future" portée par Christel Heydemann, PDG d'Orange, qui identifie la cybersécurité comme un axe de croissance prioritaire. L'opérateur compte tirer parti de sa double culture publique et privée pour naviguer efficacement dans les eaux complexes des marchés régaliens.
Un déploiement progressif au cœur des enjeux souverains
Orange Business officialisera sa nouvelle activité à partir du 1er juillet 2025. Le groupe devrait poursuivre son développement par croissance organique et acquisitions ciblées, suivant le modèle éprouvé d'Orange Cyberdefense. Les enjeux de souveraineté numérique placent cette initiative au cœur des préoccupations stratégiques françaises et européennes.
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