OpenAI s'allie au Pentagone : 200 millions pour l'IA militaire
OpenAI signe un contrat de 200M$ avec le Pentagone, abandonnant ses restrictions militaires pour développer des technologies d'IA de défense jusqu'en 2026.

ChatGPT va désormais contribuer à la défense américaine. OpenAI vient de conclure un contrat de 200 millions de dollars avec le département de la Défense, marquant un virage stratégique majeur pour l'entreprise de Sam Altman. Fini les réticences face aux applications militaires, place au "réalisme stratégique".
Du pacifisme technologique à la collaboration militaire
Jusqu'en janvier 2024, les conditions d'utilisation d'OpenAI interdisaient explicitement l'emploi de ses modèles "à des fins militaires ou de guerre". La mise à jour de ces conditions a discrètement supprimé cette restriction, ouvrant la voie aux "cas d'utilisation bénéfiques liés à la sécurité nationale". Un changement qui reflète une nouvelle vision géopolitique face à la concurrence technologique, notamment chinoise.
L'arrivée de Paul Nakasone, ancien directeur de la NSA, au conseil d'administration d'OpenAI en juin 2024 avait déjà signalé ce rapprochement avec l'establishment sécuritaire américain. L'entreprise préparait méthodiquement son entrée dans l'écosystème de la défense.
Un contrat stratégique mais limité
Le partenariat de 200 millions de dollars s'étend sur un an, jusqu'en juillet 2026. Les travaux seront supervisés par le Chief Digital and Artificial Intelligence Office (CDAO) du Pentagone, principalement dans la région de Washington D.C.
OpenAI met en avant les applications civiles : amélioration des soins de santé pour les militaires, optimisation de l'analyse des données d'acquisition, et renforcement de la cyberdéfense. Le Pentagone, lui, évoque sans détour des applications dans les "domaines du warfighting et de l'entreprise" - un terme qui suggère des usages opérationnels directs.
Ce contrat lance officiellement "OpenAI for Government", une initiative rassemblant les collaborations de l'entreprise avec diverses agences fédérales comme la NASA, le NIH et le département du Trésor.
Des résultats prometteurs déjà constatés
Des projets pilotes ont démontré l'efficacité des modèles d'OpenAI dans le secteur public. En Pennsylvanie, l'utilisation de ChatGPT a permis aux employés gouvernementaux d'économiser en moyenne 105 minutes quotidiennes sur les tâches administratives.
Les laboratoires nationaux de Los Alamos, Lawrence Livermore et Sandia exploitent déjà ces technologies pour accélérer leurs recherches. Depuis décembre 2024, OpenAI collabore également avec Anduril Industries pour développer des systèmes de défense contre les attaques de drones.
Une rivalité technologique à multiples facettes
Ce partenariat direct avec le Pentagone perturbe l'équilibre établi avec Microsoft. Le géant de Redmond, principal investisseur d'OpenAI, servait jusqu'alors d'intermédiaire privilégié pour les contrats gouvernementaux via sa plateforme Azure. Cette nouvelle approche court-circuite ce canal traditionnel, accentuant les tensions entre les deux entreprises.
La course aux contrats militaires s'intensifie. Palantir a livré ses premiers systèmes TITAN dotés d'IA à l'armée américaine cette année pour 178 millions de dollars. Scale AI développe des agents autonomes pour la planification militaire, tandis qu'Anthropic propose ses modèles Claude aux agences de renseignement via un partenariat avec Palantir.
Ce rapprochement entre OpenAI et le Pentagone illustre la transformation radicale du paysage technologique américain. Les entreprises de la Silicon Valley, autrefois réticentes aux applications militaires, embrassent aujourd'hui les enjeux de souveraineté technologique. Avec un chiffre d'affaires annualisé de 10 milliards de dollars et une valorisation de 300 milliards, OpenAI dispose des ressources nécessaires pour s'imposer dans ce secteur hautement stratégique.
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