MEO : L'opérateur qui réinvente les télécoms portugaises face aux défis du marché

Dans un secteur où la concurrence fait rage et où la technologie évolue à vitesse grand V, MEO s'impose comme le colosse des télécommunications au Portugal. Entre prouesses technologiques, stratégies commerciales audacieuses et restructurations capitalistiques, l'opérateur historique navigue dans des eaux mouvementées tout en conservant son cap d'innovation. Focus sur ce mastodonte des télécoms qui pourrait bientôt changer de pavillon.

D'un pionnier mobile à un géant convergent : l'évolution spectaculaire de MEO

L'ADN de MEO porte les traces d'une histoire riche qui commence bien avant l'apparition de la marque elle-même. Tout débute en 1991 avec la création de TMN (Telecomunicações Móveis Nacionais), premier opérateur de téléphonie mobile au Portugal. Dans un monde où le téléphone mobile était encore un gadget réservé à une élite, TMN déploie dès 1992 le réseau GSM sur le territoire portugais, posant la première pierre d'une révolution communicationnelle.

L'innovation est déjà au cœur de sa stratégie : en 1995, TMN lance MIMO, le premier service mobile prépayé au monde. Une prouesse technologique et commerciale qui démocratise l'accès à la téléphonie mobile en abandonnant le modèle d'abonnement, jusqu'alors seule option disponible. Cette innovation, aujourd'hui banale mais révolutionnaire à l'époque, sera rapidement copiée par des opérateurs du monde entier.

En parallèle, Portugal Telecom, issu de la fusion de plusieurs entreprises publiques, développe l'infrastructure fixe nationale. L'histoire bascule en 2007 avec la naissance de la marque MEO, initialement dédiée aux services triple-play (TV, internet, téléphone fixe) via ADSL. Cette création survient après la séparation stratégique entre PT Comunicações et PT Multimédia (qui deviendra ZON Multimédia).

Le déploiement technologique s'accélère : service satellite en avril 2008, puis déploiement de la fibre optique permettant des débits atteignant 400 Mbit/s dès 2009. La croissance est fulgurante : en juillet 2010, MEO franchit le cap des 700 000 clients, puis celui du million d'abonnements en novembre 2011.

L'année 2014 marque un tournant décisif : TMN et MEO fusionnent sous une bannière unique, créant MEO Serviços de Comunicações e Multimédia S.A. Cette convergence permet le lancement d'offres quadruple-play (M4O), puis quintuple-play (M5O) en juillet 2014, intégrant l'internet mobile. MEO n'est plus un simple opérateur mais devient un écosystème complet de services numériques.

Récemment, l'innovation reste au cœur de sa stratégie : en 2023, lancement de la première offre internet nationale à 10 Gbps; en 2024, mise sur le marché d'un service internet professionnel à 100 Gbps et introduction du Wi-Fi 7 au Portugal. En 2025, MEO est devenu le premier opérateur portugais à tester les appels et SMS via satellite, anticipant l'avenir de la connectivité ubiquitaire.

L'infrastructure titanesque qui propulse le Portugal dans l'ère numérique

Le véritable joyau de MEO, c'est son infrastructure réseau, fruit d'investissements massifs et continus. Dans un pays à la topographie variée comme le Portugal, déployer un réseau performant relève du défi tant technique que financier. MEO a relevé ce gant avec brio.

La fibre optique : colonne vertébrale numérique du Portugal

Le réseau fibre optique (FTTH - Fiber To The Home) de MEO constitue l'épine dorsale de ses services fixes. Avec une couverture atteignant 6,5 millions de foyers selon les derniers chiffres officiels, cette infrastructure place le Portugal parmi les leaders européens en matière de connectivité très haut débit. Pour mettre ce chiffre en perspective, il représente une couverture de près de 60% de la population totale du pays - un taux remarquable comparé à la moyenne européenne.

Cette densité d'infrastructure permet à MEO de proposer des vitesses de connexion atteignant jusqu'à 10 Gbps sur ses offres les plus avancées - un débit suffisant pour télécharger un film 4K en quelques secondes. Pour les entreprises, le lancement en 2024 d'un service d'accès internet à 100 Gbps repousse encore les limites, permettant des usages professionnels exigeants comme le cloud computing intensif ou la télémédecine en temps réel.

L'effort d'innovation se poursuit avec les tests de la technologie 25-GPON réalisés en 2023, qui promet de multiplier encore les capacités des réseaux existants. Cette technologie développée par Altice Labs permettra de réutiliser l'infrastructure existante tout en augmentant considérablement les débits disponibles - un exemple parfait d'optimisation des investissements.

Une couverture mobile qui ne laisse personne au bord de la route numérique

Côté mobile, les statistiques sont tout aussi impressionnantes. Le réseau 4G de MEO couvre 99,97% de la population nationale, un chiffre qui frôle la perfection technique et garantit une connexion presque partout sur le territoire, des centres urbains de Lisbonne aux villages reculés de l'Algarve.

La 5G poursuit son expansion rapide, avec un taux de couverture atteignant déjà 95,8% de la population. Ce déploiement accéléré place MEO en position de leader sur cette technologie stratégique, offrant des débits mobiles théoriques jusqu'à 10 fois supérieurs à la 4G et des latences réduites à quelques millisecondes - essentielles pour les nouvelles applications comme la réalité augmentée ou les véhicules connectés.

Cette double infrastructure fixe et mobile constitue un avantage concurrentiel majeur dans un marché où la connectivité omniprésente devient une exigence fondamentale des consommateurs comme des entreprises.

Les coulisses d'une monétisation stratégique des infrastructures

L'histoire récente de cette infrastructure titanesque comporte toutefois un volet financier intéressant. En décembre 2019, Altice Europe, via sa filiale MEO, a conclu un accord avec Morgan Stanley Infrastructure Partners pour la cession de 49,99% d'Altice Portugal FTTH. Cette opération, valorisant la branche d'infrastructure fibre à environ 4,63 milliards d'euros, illustre une tendance lourde du secteur : la séparation entre propriété et exploitation des infrastructures.

Cette stratégie, souvent appelée "asset-light", permet à MEO de continuer à développer et exploiter son réseau tout en partageant le poids des investissements. Les 4 millions de foyers que cette entité desservait fin 2019 génèrent des revenus stables et récurrents, particulièrement attractifs pour des investisseurs institutionnels à la recherche de rendements prévisibles.

Cette monétisation partielle des infrastructures reflète l'évolution du modèle économique des télécoms, où la valeur ne réside plus seulement dans la propriété exclusive des réseaux mais dans la capacité à créer des services à forte valeur ajoutée s'appuyant sur ces infrastructures.

Une offre de services qui transcende les frontières traditionnelles des télécoms

L'écosystème de services proposé par MEO va bien au-delà des simples communications. L'opérateur a développé une approche holistique qui couvre l'ensemble des besoins numériques des ménages portugais, créant un effet d'adhérence commercial redoutable.

Mobile : de la simple voix aux usages data intensifs

L'offre mobile de MEO s'articule autour de forfaits diversifiés, souvent intégrés dans des bouquets convergents (M3e, M4e, M5O) qui combinent plusieurs services. Ces forfaits incluent généralement des appels et SMS/MMS illimités ou avec des plafonds généreux, tant au niveau national qu'en roaming dans l'Espace Économique Européen et au Royaume-Uni - un avantage significatif pour les nombreux Portugais travaillant à l'étranger.

L'internet mobile constitue désormais le cœur de l'offre, avec des enveloppes de données adaptées à tous les usages, y compris des formules avec trafic illimité (soumises à une politique d'utilisation équitable). Ces forfaits permettent aux 5,3 millions de clients mobiles post-payés de MEO de naviguer, streamer et partager du contenu sans contrainte, transformant le smartphone en centre névralgique de la vie quotidienne.

La puissance du réseau 5G est régulièrement mise en avant dans les communications marketing, positionnant MEO comme le partenaire idéal pour les usages mobiles avancés comme le gaming en ligne ou la réalité augmentée. Des offres promotionnelles régulières sur les derniers smartphones, souvent avec des facilités de paiement, complètent cette stratégie d'acquisition et de fidélisation.

Internet fixe : quand la fibre réinvente l'expérience domestique

L'offre internet fixe de MEO repose majoritairement sur son réseau de fibre optique, permettant des débits stratosphériques atteignant 10 Gbps sur certaines offres premium. Cette connectivité ultra-performante transforme radicalement l'expérience numérique des 1,9 million de clients des services de connectivité.

Ces connexions supportent simultanément de multiples usages intensifs : streaming 4K sur plusieurs écrans, télétravail avec visioconférences en haute définition, gaming en ligne sans latence, et connexion de dizaines d'objets connectés. MEO fournit un routeur FibreGateway avec ses offres fibre, assurant une distribution optimale du signal dans le foyer.

L'arrivée du Wi-Fi 7 en 2024 constitue une avancée technologique majeure, permettant des débits sans fil théoriques jusqu'à 46 Gbps et une latence réduite - des caractéristiques essentielles à l'heure où le nombre d'appareils connectés par foyer explose.

Télévision : bien plus qu'un simple programme linéaire

Le service de télévision de MEO, accessible via son réseau fibre et ADSL ou par satellite pour les zones moins bien couvertes, illustre parfaitement la transition du modèle télévisuel traditionnel vers une expérience multimédia complète.

Avec 1,9 million de clients pour la télévision payante, MEO propose un catalogue étendu de chaînes nationales et internationales, complété par des services de vidéo à la demande (MEO VideoClube) et l'accès à des chaînes premium. Les fonctionnalités interactives comme l'enregistrement, le contrôle du direct et l'accès aux programmes des 7 derniers jours transforment fondamentalement le rapport au contenu télévisuel, passant d'une consommation passive à une expérience active.

L'intégration de services de streaming tiers comme Netflix et Amazon Prime Video centralise l'accès au contenu, bien que les abonnements à ces services restent distincts. Les clients peuvent accéder à ces services via une MEOBox (décodeur) ou, innovation notable, directement via une application sur Smart TV pour certaines offres - simplifiant l'expérience utilisateur tout en réduisant l'empreinte matérielle.

L'énergie verte : une diversification stratégique révélatrice

La diversification la plus audacieuse de MEO concerne le secteur énergétique. Le lancement de MEO Energia propose de l'électricité 100% renouvelable, s'inscrivant dans une tendance observée chez d'autres opérateurs télécoms européens qui cherchent à maximiser la valeur de leur relation client.

Ce service, qui comptait déjà 112 000 clients au T3 2024, témoigne d'une évolution profonde de la stratégie des opérateurs. En proposant des offres groupées télécoms-énergie avec des avantages croisés, MEO crée un écosystème commercial complet autour du foyer. Cette approche augmente significativement le revenu moyen par utilisateur (ARPU) tout en réduisant le taux de désabonnement - deux indicateurs clés dans le secteur des télécoms.

Cette convergence répond également aux préoccupations environnementales croissantes des consommateurs, alignant les offres avec l'engagement d'Altice Portugal d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Performances et défis : les chiffres qui racontent l'histoire d'un géant en mutation

Derrière l'innovation technologique et les offres commerciales se cachent des chiffres qui révèlent la santé financière et opérationnelle de MEO, ainsi que les défis auxquels l'entreprise est confrontée.

Une performance financière stable dans un marché mature

Au troisième trimestre 2024, les revenus d'Altice Portugal ont atteint 704 millions d'euros, en croissance de 1,7% par rapport à la même période de l'année précédente. Cette progression, bien que modeste, est remarquable dans un marché européen des télécoms généralement stagnant ou en légère contraction. La croissance est particulièrement impressionnante dans les segments Grand Public (+5,9%) et Entreprises (+5,8%), hors contribution d'Altice Labs.

L'EBITDA s'est établi à 258 millions d'euros, restant pratiquement stable (-0,3%) par rapport à l'année précédente en excluant la performance d'Altice Labs. Cette marge d'EBITDA de près de 37% témoigne d'une gestion opérationnelle efficace, supérieure à la moyenne du secteur en Europe.

Les investissements (CAPEX) se sont élevés à 100 millions d'euros au T3 2024, principalement consacrés à l'expansion du réseau fibre optique et au déploiement de la 5G. Ce niveau d'investissement, représentant environ 14% du chiffre d'affaires, illustre l'engagement continu dans l'amélioration de l'infrastructure tout en maintenant une discipline financière.

Sur une base annuelle, les estimations précédentes situaient le chiffre d'affaires d'Altice Portugal autour de 2,1 milliards d'euros en 2022, suggérant une trajectoire de croissance modérée mais continue sur les dernières années. Cette performance s'inscrit dans un contexte de marché portugais relativement consolidé, où MEO occupe une position dominante.

Une base clients robuste et diversifiée

La base clients de MEO présente une diversité et une solidité remarquables :

• Le nombre total d'Unités Génératrices de Revenus (RGU) pour les services fixes et mobiles a atteint 14 millions, témoignant de la profondeur de la pénétration de MEO sur le marché portugais.
• Le segment Grand Public compte 1,7 million de clients uniques, représentant une part significative des ménages portugais.
• Les abonnements aux Services Fixes totalisent 6,0 millions, en croissance de 1,7% par rapport au T3 2023.
• La base de clients pour la Télévision payante et les services de Connectivité a progressé respectivement de 2,7% et 3,0%, atteignant chacun 1,9 million d'abonnés.
• La base de Clients Mobiles Post-Payés s'élève à 5,3 millions, avec une croissance trimestrielle de 0,6% (+33 000 clients) entre le T2 et le T3 2024.
• MEO Energia, le service énergétique lancé récemment, compte déjà 112 000 clients, illustrant le potentiel de cette diversification.

Ces chiffres révèlent une stratégie de croissance équilibrée entre acquisition de nouveaux clients et développement des services auprès de la base existante. La progression constante des services fixes et de télévision est particulièrement notable dans un marché européen souvent considéré comme saturé, suggérant une capacité à capter des parts de marché aux concurrents ou à développer de nouveaux segments.

L'ombre de la dette : le talon d'Achille du groupe Altice

Malgré ces performances opérationnelles solides, un élément majeur plane sur l'avenir de MEO : l'endettement colossal de sa maison mère, le groupe Altice. Si les chiffres de dette spécifiquement attribuables à MEO ne sont pas clairement isolés dans les communications publiques, l'endettement global du groupe Altice est régulièrement évoqué dans la presse financière.

Les estimations varient considérablement : ZDNet mentionnait en juin 2021 plus de 30 milliards d'euros de dette pour Altice, tandis que Les Echos évoquait en septembre 2023 environ 60 milliards d'euros pour l'ensemble du groupe. Cette dette, accumulée lors d'une série d'acquisitions agressives sous l'impulsion de Patrick Drahi, pèse désormais sur la stratégie du groupe.

Le désendettement est devenu une priorité explicite pour Altice, comme en témoignent les déclarations publiques de Patrick Drahi. Cette situation explique la stratégie de monétisation d'actifs mise en œuvre ces dernières années, notamment avec la cession de 49,99% d'Altice Portugal FTTH. Des opérations similaires ont concerné les tours de télécommunications, suivant un modèle désormais courant dans l'industrie.

La possible revente de MEO : épilogue ou nouveau chapitre ?

Cette situation financière complexe alimente depuis plusieurs années les rumeurs d'une possible cession de MEO par Altice. Ce scénario, initialement perçu comme spéculatif, semble gagner en substance au fil du temps.

Des démarches concrètes qui dépassent la simple rumeur

Selon diverses sources journalistiques, Altice aurait mandaté en 2023 la banque Lazard pour sonder d'éventuels acquéreurs. Ce recours à une banque d'affaires réputée suggère une démarche structurée dépassant le stade de la simple hypothèse stratégique.

Les attentes de valorisation, selon Fierce Network (février 2024), pourraient atteindre jusqu'à 10,78 milliards de dollars (environ 10 milliards d'euros) pour les actifs portugais d'Altice, incluant MEO. Ce montant, s'il se confirmait, représenterait près de 5 fois le chiffre d'affaires annuel estimé, une valorisation attractive pour un actif télécom européen de cette envergure.

Plusieurs scénarios de vente ont été évoqués :

• Une cession totale de MEO, permettant à Altice de se désengager complètement du marché portugais
• Une cession partielle, conservant une participation minoritaire ou majoritaire
• Une vente de MEO sans son réseau fibre, Altice conservant l'infrastructure génératrice de revenus récurrents tout en cédant les activités opérationnelles

Cette dernière option, mentionnée par Essential Business en janvier 2024, s'inscrirait parfaitement dans la tendance de séparation entre infrastructure et services observée dans le secteur.

Des prétendants aux profils variés

La qualité des actifs et la position dominante de MEO sur le marché portugais ont attiré l'attention de différents types d'acquéreurs potentiels :

Des fonds d'investissement comme Apax Partners ont été mentionnés parmi les intéressés. Ces acteurs financiers recherchent typiquement des entreprises matures générant des flux de trésorerie stables, avec un potentiel d'optimisation opérationnelle - un profil qui correspond parfaitement à MEO.

Côté opérateurs télécoms, Saudi Telecom Group (STC) aurait entamé des discussions avec Altice, qui auraient toutefois échoué en raison d'un désaccord sur le prix selon Inside Towers (juillet 2024). Une acquisition par STC aurait représenté une expansion significative de l'opérateur saoudien en Europe.

Le groupe Iliad de Xavier Niel figure également parmi les candidats potentiels régulièrement cités. Déjà présent en France, Italie et Pologne, Iliad pourrait renforcer sa présence en Europe du Sud avec l'acquisition de MEO. La philosophie d'innovation et de disruption d'Iliad pourrait d'ailleurs insuffler une nouvelle dynamique à MEO sur le marché portugais.

Des obstacles et incertitudes persistants

Malgré ces rumeurs persistantes, plusieurs facteurs compliquent la concrétisation d'une transaction :

La valorisation reste le principal point d'achoppement. Altice cherche logiquement à maximiser la valeur de cet actif stratégique, tandis que les acheteurs potentiels adoptent une approche plus prudente, particulièrement dans un contexte de taux d'intérêt élevés qui augmente le coût du financement d'une telle acquisition.

La structure optimale de la transaction fait également débat. La décision de vendre MEO avec ou sans son réseau fibre influence considérablement l'attractivité de l'offre et le profil des acheteurs intéressés. Une cession partielle de l'infrastructure fibre ayant déjà eu lieu en 2019, toute nouvelle transaction devrait composer avec cette réalité capitalistique complexe.

L'environnement réglementaire constitue un autre facteur d'incertitude. L'acquisition d'un opérateur de l'envergure de MEO serait soumise à l'approbation des autorités de régulation et de la concurrence, tant au Portugal qu'au niveau européen. Ces processus peuvent être longs et imposer des conditions qui modifient l'équation économique initiale.

Enfin, des éléments internes au groupe Altice ont pu perturber le calendrier d'une éventuelle cession. L'enquête pour corruption impliquant Armando Pereira, cofondateur d'Altice, au Portugal a potentiellement compliqué les discussions avec certains acquéreurs, soucieux des risques juridiques associés.

Un avenir à la croisée des chemins technologiques et financiers

Qu'il reste dans le giron d'Altice ou passe sous un nouveau pavillon, MEO se trouve à un moment charnière de son histoire. Plusieurs défis et opportunités se dessinent pour les années à venir :

L'exploitation du plein potentiel de la 5G, au-delà de la simple amélioration des débits mobiles, vers des applications industrielles et l'Internet des Objets, représente un axe de développement majeur. Les premières expérimentations de réseaux 5G privés, comme celle réalisée avec CNN Portugal, illustrent ce potentiel.

La diversification au-delà des services télécoms traditionnels, déjà entamée avec MEO Energia, pourrait se poursuivre vers d'autres services essentiels au foyer, comme la domotique avancée ou les services financiers. Cette stratégie "beyond telco" est adoptée par de nombreux opérateurs cherchant à augmenter leur revenu moyen par utilisateur.

L'évolution technologique des réseaux fixes, avec l'horizon du 25-GPON déjà testé et d'autres innovations d'Altice Labs, laisse entrevoir des capacités encore décuplées pour les services résidentiels et professionnels dans les années à venir.

La consolidation du marché des télécommunications européen, longtemps annoncée mais freinée par les régulateurs, pourrait s'accélérer face aux besoins d'investissements massifs dans les infrastructures. Dans ce contexte, MEO, avec son réseau performant et sa position dominante au Portugal, représente une pièce stratégique sur l'échiquier européen.

Quelle que soit l'issue des spéculations actuelles, MEO restera un acteur incontournable du paysage numérique portugais. Son histoire, jalonnée d'innovations et d'adaptations stratégiques, témoigne d'une capacité à évoluer avec son marché tout en restant fidèle à sa mission de connectivité.