L'État français rachète les supercalculateurs d'Atos pour 410M€
L'État nationalise les supercalculateurs d'Atos pour 410M€ : sauvetage stratégique d'un fleuron tech français en crise financière.

L'État français vient de finaliser l'acquisition de la division Advanced Computing d'Atos pour 410 millions d'euros. Cette nationalisation stratégique survient alors que le géant informatique traverse une crise financière majeure, avec 5 milliards d'euros de dettes. L'opération vise à préserver un savoir-faire français critique dans le calcul haute performance et l'intelligence artificielle.
L'héritage Bull ressuscité
Les supercalculateurs d'Atos descendent directement des technologies développées par Bull, pionnier français de l'informatique racheté en 2014. Cette lignée technologique française occupe aujourd'hui la troisième position mondiale en termes de ventes, derrière l'américain HPE et le chinois Lenovo. Le site historique d'Angers, berceau de cette expertise, continue de porter cette innovation tricolore.
Bull avait établi la France comme acteur majeur du calcul haute performance dès les années 1960. Atos a hérité de cette expertise lors de son acquisition, préservant ainsi une chaîne technologique stratégique. Cette continuité industrielle explique pourquoi l'État considère cette division comme un actif souverain incontournable.
Les supercalculateurs, puissance brute au service de la science
Un supercalculateur rassemble des milliers de processeurs travaillant en parallèle pour résoudre des équations complexes en temps record. Ces machines atteignent des performances de plusieurs pétaflops, soit des millions de milliards d'opérations par seconde. La division nationalisée emploie 2 500 personnes et génère 800 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.
Ces géants technologiques permettent de simuler des phénomènes impossibles à reproduire en laboratoire : explosions nucléaires, évolution climatique, découverte de médicaments. Leur architecture massivement parallèle exploite des technologies de pointe : processeurs spécialisés, mémoires ultra-rapides, réseaux d'interconnexion haute vitesse.
La division comprend également les services d'intelligence artificielle, secteur en pleine expansion. Ces activités s'appuient sur les mêmes infrastructures de calcul intensif, créant des synergies technologiques naturelles.
Des applications stratégiques multiples
Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) utilise ces supercalculateurs pour simuler le vieillissement de l'arsenal nucléaire français, évitant ainsi les essais réels. Les centres météorologiques calculent les prévisions climatiques en traitant des térabytes de données satellites. Les laboratoires pharmaceutiques accélèrent la découverte de molécules thérapeutiques.
Ces machines équipent aussi les centres de recherche européens pour des projets collaboratifs. La France maintient ainsi son rang dans la compétition scientifique internationale, particulièrement face aux investissements massifs américains et chinois dans ce domaine.
L'industrie automobile exploite ces capacités pour optimiser l'aérodynamisme des véhicules ou tester virtuellement la résistance des matériaux. Cette diversification d'usage justifie la rentabilité économique de la filière française.
L'État préserve l'essentiel d'un empire en décomposition
Cette acquisition partielle illustre la fragilité des champions technologiques français. Atos, miné par 5 milliards d'euros de dettes et un chiffre d'affaires de 10 milliards, fait face à un démantèlement progressif. L'État sauve l'essentiel tout en abandonnant le reste aux créanciers devenus actionnaires.
La nationalisation coûte finalement moins cher que prévu : 410 millions contre les 500-625 millions initialement budgétés. Cette différence reflète l'exclusion de certaines filiales, notamment britanniques, du périmètre d'acquisition. Une stratégie pragmatique qui concentre les moyens publics sur les technologies vraiment critiques.
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