L'Espagne face aux critiques pour son contrat Huawei de 12 millions d'euros
L'Espagne critiquée pour un contrat Huawei de 12M€ stockant des données judiciaires sensibles. UE et USA s'inquiètent des risques sécuritaires.

Le gouvernement de Pedro Sánchez se retrouve sous le feu des critiques après la révélation d'un contrat de 12 millions d'euros confié à Huawei pour le stockage de données judiciaires sensibles, incluant des écoutes téléphoniques. Cette décision divise l'Europe et inquiète Washington.
L'ombre persistante des tensions sino-occidentales
Les relations entre l'Occident et les géants technologiques chinois restent tendues depuis plusieurs années. Alors que certains gouvernements, comme l'Espagne et la Hongrie, continuent de travailler avec le géant technologique chinois, d'autres, comme la Suède ou la France, redoublent d'efforts pour éliminer progressivement les équipements chinois de leurs réseaux mobiles, considérant ces infrastructures comme des vecteurs potentiels d'espionnage étatique.
L'Union européenne a d'ailleurs adopté en janvier 2020 une boîte à outils sur la sécurité des réseaux 5G, permettant aux États membres d'identifier les "fournisseurs à haut risque" et de restreindre leur accès aux éléments critiques des réseaux télécoms. Cette classification vise notamment les entreprises soumises à des législations nationales intrusives en matière de renseignement et de sécurité des données.
Un contrat qui fait polémique
Le contrat, rendu public plus tôt ce mois-ci, a suscité de vives critiques dans le pays. Bruxelles et Washington, qui s'inquiètent des risques pour la sécurité en raison des liens entre Huawei et l'État chinois, ont tiré la sonnette d'alarme. La nature particulièrement sensible des données concernées (des écoutes téléphoniques judiciaires) amplifie les préoccupations sécuritaires.
Du côté américain, les réactions sont fermes. Des législateurs des commissions du renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants américains appellent à une révision des accords de partage de renseignements avec l'Espagne, craignant que des secrets ne soient divulgués au Parti communiste chinois.
Huawei dans la tourmente européenne
Cette controverse s'inscrit dans un contexte plus large d'enquêtes visant Huawei en Europe. L'entreprise fait l'objet d'enquêtes dans plusieurs États membres de l'UE, dernièrement en Belgique, où les autorités ont lancé en 2025 une vaste enquête sur des allégations de corruption impliquant des fonctionnaires de l'UE.
Les enquêteurs belges examinent notamment si les activités de lobbying du constructeur chinois ont franchi la ligne de la corruption. À ce stade, Huawei n'a été inculpé d'aucun délit et conteste toute activité illégale de ses employés.
Une Europe divisée face à la Chine
Cette affaire illustre les divisions persistantes au sein de l'Union européenne concernant l'approche à adopter vis-à-vis de la Chine, que Bruxelles qualifie désormais de "rival systémique". Seuls 10 des 27 États membres ont jusqu'à présent utilisé la boîte à outils 5G pour imposer des restrictions aux fournisseurs chinois considérés comme à haut risque.
Le cas espagnol soulève des questions fondamentales sur l'équilibre entre souveraineté nationale et sécurité collective européenne, particulièrement dans un contexte géopolitique tendu où les enjeux technologiques et sécuritaires s'entremêlent étroitement.
L'issue de cette controverse pourrait influencer la politique européenne future concernant les partenariats technologiques avec les entreprises chinoises et redéfinir les contours de la stratégie numérique commune de l'UE.
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