Kids Watch : la montre qui repousse l'âge du premier smartphone
Une montre connectée sans internet pour enfants qui combine communication sécurisée et géolocalisation : Bouygues Telecom lance sa Kids Watch pour retarder l'âge du premier smartphone.

Bouygues Telecom frappe un grand coup dans le débat sur les écrans et les enfants. L'opérateur a lancé hier une montre connectée sans accès internet, spécialement conçue pour les 6-11 ans. Un compromis ingénieux entre sécurité parentale et premiers pas numériques.
Une réponse à un problème de société
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 71% des enfants de 11 ans possèdent déjà un smartphone, et les 9-11 ans passent jusqu'à 24 heures hebdomadaires devant les écrans. Plus alarmant encore, 23% des 6-18 ans ont déjà été confrontés au cyberharcèlement, un chiffre en hausse de 5% sur un an.
Face à ce constat, Bruno Duarte, directeur grand public de Bouygues Telecom, défend une approche progressive : "Accompagner nos enfants dans leurs premiers pas numériques, c'est leur donner les bons repères au bon moment."
Une montre limitée, mais complète
Fabriquée par TCL, la Kids Watch propose un équilibre soigneusement pensé entre fonctionnalités et sécurité :
- Communication limitée aux contacts préalablement approuvés
- Géolocalisation en temps réel
- Système d'alerte de zone de sécurité
- Mode école pour suspendre les notifications
- Bouton SOS d'urgence
L'ensemble est piloté à distance via une application parentale dédiée. La montre fonctionne de façon autonome grâce à sa carte SIM intégrée, sans nécessiter de smartphone complémentaire.
Un positionnement tarifaire clair
L'offre commerciale se veut transparente avec :
- La montre à 1€ + 4€/mois pendant 24 mois (97€ au total)
- Un forfait bloqué sans engagement à 9,99€/mois
- Un tarif préférentiel de 4,99€/mois pour les clients B.iG
Cette politique s'inscrit dans la stratégie familiale plus large de l'opérateur, qui propose des réductions progressives avec son offre B.iG selon le nombre de lignes souscrites.
Un marché porteur aux enjeux majeurs
La Kids Watch s'inscrit dans un marché mondial en pleine expansion, évalué à 10,4 milliards de dollars en 2023 et promis à une croissance annuelle de 8,6% jusqu'en 2032.
Ce lancement coïncide avec un contexte réglementaire favorable. Emmanuel Macron s'est récemment prononcé pour l'interdiction du téléphone portable avant 11 ans, affirmant que "l'addiction aux écrans est le terreau de toutes les difficultés : harcèlement, violence, décrochage scolaire".
Un rapport présidentiel d'avril 2024 préconise justement de retarder l'équipement des enfants en smartphone jusqu'au collège, et suggère qu'à partir de 11 ans, un téléphone peut être envisagé, mais sans connexion internet. Des recommandations qui s'alignent parfaitement avec le positionnement de la Kids Watch.
Des impacts avérés sur le développement
Les préoccupations ne sont pas infondées. Selon Emily Sehmer, pédopsychiatre, les effets du smartphone sur la santé cérébrale des enfants sont "terrifiants" : "Nous voyons des enfants qui disparaissent dans les mondes en ligne, qui ne parviennent pas à dormir, qui sont de plus en plus inattentifs et impulsifs, dérégulés émotionnellement et agressifs."
L'étude Elfe, ayant suivi près de 18 000 enfants, confirme que l'utilisation précoce des écrans altère la neuroplasticité, cette capacité du cerveau à se modeler au fil des années. Dès l'âge de 2 ans, les enfants passent déjà 56 minutes quotidiennes devant un écran.
Un test pour le marché français
En se positionnant comme premier opérateur français à proposer ce type de solution, Bouygues Telecom tente de répondre à une inquiétude croissante des familles : 80% des parents redoutent l'exposition de leurs enfants à des contenus inappropriés et 87% craignent le cyberharcèlement.
Reste à voir si cette alternative convaincra les familles françaises dans un environnement où la pression sociale pousse à l'équipement précoce. Une chose est sûre : entre déconnexion totale et hyperconnexion, le besoin de solutions intermédiaires n'a jamais été aussi criant.
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