Google largue Samsung : les puces Tensor des Pixel passent chez TSMC

Google confie ses futures puces Tensor G5 à TSMC plutôt qu'à Samsung, révélant les faiblesses du géant coréen face au leader taïwanais des fonderies.

Google largue Samsung : les puces Tensor des Pixel passent chez TSMC

Face à un défi technique grandissant, Google abandonne Samsung pour la fabrication de ses processeurs mobiles. Le géant californien confiera désormais ses puces Tensor G5 au taïwanais TSMC, laissant Samsung dans une position délicate sur le marché hautement compétitif des fonderies.

La fin d'une alliance stratégique

Le projet "Whitechapel", fruit de la collaboration entre Google et Samsung pour développer les processeurs Tensor, prend un virage inattendu. La prochaine génération de puces, destinée aux Pixel 10 prévus pour août 2025, sera produite par TSMC selon le procédé 3nm N3E. Cette décision marque un tournant dans l'écosystème des semi-conducteurs où Samsung peine à maintenir sa position face au leader taïwanais.

Des performances qui creusent l'écart

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Samsung affiche des rendements de production de seulement 50% sur ses procédés 3nm, quand TSMC atteint 90%. Cette différence colossale impacte directement la fiabilité et la rentabilité des produits. La défection de Google s'ajoute à celles d'autres géants comme Qualcomm et Nvidia, qui ont également migré leurs productions les plus avancées vers TSMC.

Samsung souffre également d'un déficit en propriété intellectuelle critique pour la conception des semi-conducteurs modernes, fragilisant davantage sa position sur les technologies de pointe.

Un recul significatif sur le marché mondial

La part de marché de Samsung Foundry s'érode progressivement, tombant à 7,7% au premier trimestre 2025 contre 8,1% fin 2024. Pendant ce temps, TSMC consolide sa domination avec 67,6% du marché global. L'émergence des fonderies chinoises comme SMIC, qui capte désormais 6% du marché grâce à des subventions gouvernementales et une politique tarifaire agressive, accentue la pression sur le géant coréen.

"L'incident Google" secoue Samsung en interne

En coulisses, la perte du contrat Google a provoqué une onde de choc chez Samsung, où l'affaire est désormais désignée comme "l'incident Google". Une inspection approfondie de la division fonderie a été lancée sous la direction du vice-président Jeon Young-hyun pour identifier les failles et élaborer une stratégie de redressement.

La restructuration majeure de sa division Device Solutions vise à améliorer la coordination entre les équipes de développement et de production, pour remédier aux problèmes de communication qui ont entravé l'efficacité opérationnelle.

Des liens qui persistent malgré la rupture

Tout n'est pas perdu pour Samsung dans sa relation avec Google. Le Pixel 10 continuera d'utiliser le modem 5G Exynos 5400 de Samsung, ainsi que ses composants de mémoire DRAM et de stockage UFS. Cette dépendance partielle maintient un fil commercial entre les deux entreprises, même s'il ne compense pas la perte du contrat principal.

Un avenir en suspens

Samsung mise désormais sur le lancement de son procédé 2nm au second semestre 2025 pour restaurer sa crédibilité. Le premier bénéficiaire devrait être sa propre division mobile avec l'Exynos 2600 destiné aux Galaxy S26. La réussite de cette nouvelle génération sera cruciale pour l'avenir de Samsung Foundry.

L'industrie anticipe que TSMC conservera l'exclusivité de Google jusqu'au Pixel 14, laissant à Samsung une fenêtre de trois à cinq ans pour corriger ses défaillances techniques et organisationnelles. Mais cette opportunité se rétrécit face à une concurrence de plus en plus féroce.