Free au plus bas : 3000 abonnés recrutés face à la débâcle du fixe

Free en crise : 3000 abonnés recrutés face à la débâcle du fixe. Sa réponse ? La Freebox Pop S sans TV à 23,99€ pour se relancer.

Free au plus bas : 3000 abonnés recrutés face à la débâcle du fixe

Xavier Niel traverse l'une des périodes les plus difficiles de Free. Premier trimestre 2025 : seulement 3000 nouveaux abonnés sur le fixe, quand Bouygues Telecom en décroche 69000. Une contre-performance qui sonne comme un réveil brutal pour l'opérateur, contraint de revoir sa stratégie avec le lancement de la Freebox Pop S, une box sans télévision à 23,99€. Un pari risqué sur un marché saturé.

La révolution Free, cette époque révolue

Retour en 2002. Sébastien Boutruche et son équipe révolutionnent l'accès internet français avec la première Freebox. Le concept imaginé par Xavier Niel et Rani Assaf bouleverse tout : internet, téléphonie et télévision dans un seul boîtier. Le "triple play" était né, propulsant Free au rang de challenger redoutable face à France Télécom.

Cette innovation de rupture a permis à l'opérateur de conquérir rapidement sa place de numéro deux français. Pendant des années, Free maintient sa position grâce à des tarifs agressifs et des équipements technologiquement avancés. Mais le marché français arrive désormais à maturité, et les recettes d'hier ne fonctionnent plus.

Le constat est sans appel : "le marché français connaît une dynamique plus lente que les trimestres précédents dans le segment du fixe", reconnaît Free. Une euphémisme qui masque une réalité plus préoccupante.

La Freebox Pop S : retour à l'essentiel par nécessité

Face à la débâcle commerciale, Free contre-attaque le 8 avril 2025 avec la Freebox Pop S. Cette nouvelle offre marque un tournant radical : une box internet pure, sans télévision, proposée à 23,99€ mensuels avec un tarif garanti cinq ans.

La Pop S mise tout sur la performance technique : débits fibre jusqu'à 5 Gbit/s en téléchargement, 900 Mbit/s en envoi, et surtout le Wi-Fi 7 avec des débits théoriques jusqu'à 2,2 Gbit/s. Double performance par rapport au Wi-Fi 6, de quoi satisfaire les plus exigeants. Un répéteur Wi-Fi 7 gratuit complète l'arsenal, téléphonie fixe incluse.

Cette simplification drastique répond directement au succès de la Pure Fibre de Bouygues Telecom, lancée fin 2024 au même prix. Bouygues a d'ailleurs récemment dopé son offre avec le Wi-Fi 7 et des débits jusqu'à 8 Gbit/s, creusant l'écart technologique.

Nicolas Thomas, Directeur Général de Free, revendique cette approche : "Free devient le premier opérateur à inclure le Wi-Fi 7 sur une gamme d'offres Fixe aussi large." Le message est clair : miser sur la connectivité ultra-performante plutôt que multiplier les services annexes.

Un marché français en pleine recomposition

Les chiffres du premier trimestre 2025 révèlent un marché fixe français complètement chamboulé. Free recrute 3000 abonnés, Orange 2000, SFR limite ses pertes à 3000. Seul Bouygues Telecom tire son épingle du jeu avec 69000 nouveaux clients, soit 23 fois plus que Free.

Cette performance exceptionnelle de Bouygues s'explique par le succès foudroyant de sa Pure Fibre sans télévision. L'opérateur a visiblement identifié une tendance de fond : la diminution d'intérêt pour la télévision linéaire au profit des plateformes de streaming, accessibles directement via les télévisions connectées.

Free maintient néanmoins sa dynamique sur la fibre avec 114000 nouveaux abonnés FTTH conquis, portant son parc total à 6,2 millions de clients très haut débit. Le taux d'adoption fibre atteint 83,2% de sa base d'abonnés haut débit. Des chiffres techniques solides qui masquent mal les difficultés commerciales globales.

Des finances qui résistent malgré tout

Paradoxalement, Free conserve une situation financière robuste. Malgré le ralentissement des recrutements, les revenus des services fixes progressent de 6,2% au premier trimestre 2025. L'ARPU (revenu moyen par abonné) grimpe de 1,6% pour atteindre 36,9€, compensant partiellement la faiblesse des volumes.

Au global, les revenus français de Free augmentent de 3,0%, atteignant 1,63 milliard d'euros. Le groupe Iliad affiche une croissance des revenus de services de 6% et une progression du Free Cash-Flow Opérationnel de 9%. L'Equity Free Cash-Flow quadruple même pour atteindre 216 millions d'euros.

Cette résilience financière permet à Free d'absorber les variations du marché tout en poursuivant ses investissements. L'opérateur privilégie "une croissance de long terme plutôt qu'une performance trimestrielle", stratégie qui pourrait s'avérer payante si la Pop S trouve son public.

La satisfaction client comme atout caché

Un élément encourage Free dans sa traversée du désert : selon l'Observatoire 2025 de l'Arcep, l'opérateur arrive numéro un de la satisfaction client sur les services Mobile et Fixe. Free se distingue également comme celui générant le moins de problèmes remontés par ses abonnés.

Cette reconnaissance qualitative contraste avec les performances commerciales décevantes. Elle suggère que Free conserve sa capacité à fidéliser sa clientèle existante, même s'il peine à séduire de nouveaux prospects. La Freebox Pop S, avec sa consommation énergétique réduite de 40% par rapport aux générations précédentes, pourrait séduire une clientèle soucieuse d'efficacité énergétique.

Free a donc fait le choix stratégique de revenir à l'essentiel : une connectivité ultra-performante à prix attractif. Cette approche minimaliste tranche avec des années de surenchère technologique et pourrait bien résonner auprès d'une clientèle lassée des offres complexes.

La simplification de l'offre Pop S s'inscrit dans une logique de rupture assumée, où Free abandonne le superflu pour se concentrer sur son cœur de métier : fournir la meilleure connexion internet possible. Le pari est audacieux dans un marché habitué aux packages tout-en-un, mais il pourrait s'avérer gagnant si les consommateurs adhèrent à cette philosophie du "moins mais mieux".