Frandroid se trompe sur l'impact écologique des images IA : voici les vrais chiffres de 2025

Les datacenters ont radicalement évolué depuis 2023. Découvrez pourquoi les chiffres alarmistes sur la consommation des images générées par IA ne tiennent plus la route.

Frandroid se trompe sur l'impact écologique des images IA : voici les vrais chiffres de 2025
Crédits : Frandroid

Un portrait façon Ghibli généré en quelques secondes sur ChatGPT équivaut-il vraiment à 112 recharges de smartphone ? C'est l'affirmation choc relayée récemment par un article de Frandroid. L'idée fait frémir, mais qu'en est-il réellement en 2025 ?

Plongeons dans les salles machines pour démêler le vrai du faux. Spoiler : les chiffres avancés méritent une sérieuse mise à jour.

Les chiffres alarmistes de 2023 vs. la réalité de 2025

L'article de Frandroid s'appuie principalement sur une étude de 2023 menée par Hugging Face et l'Université Carnegie Mellon. Celle-ci établissait qu'une image générée via Stable Diffusion XL consommait environ 1,35 kWh, soit l'équivalent de 112 recharges complètes de smartphone à 0,012 kWh chacune.

Ce chiffre a fait le tour du web, mais il souffre d'un défaut majeur : il ne tient pas compte des transformations radicales de l'infrastructure IA depuis deux ans.

La révolution silencieuse des puces IA

Premier facteur ignoré : l'adoption massive des puces NVIDIA H100, qui réduisent la consommation énergétique de 40% par rapport aux générations précédentes utilisées lors de l'étude initiale. Un gain d'efficacité spectaculaire qui change complètement les calculs.

Ajoutons à cela une optimisation majeure : l'utilisation moyenne des serveurs est désormais de 70% contre 30% auparavant, diminuant drastiquement le gaspillage énergétique par image générée.

Calcul actualisé pour 2025 : 1,35 kWh × (1 - 0,40) = 0,81 kWh par image

Soit l'équivalent de 67 recharges de smartphone – toujours conséquent, mais loin des 112 affichés.

L'eau : le grand malentendu des technologies de refroidissement

Le chiffre de 3,45 litres d'eau par image avancé par Frandroid repose sur un taux uniforme de 12 litres d'eau par kilowattheure, caractéristique des tours de refroidissement classiques. Or, cette vision monolithique ne reflète absolument pas la diversité actuelle des technologies déployées.

La répartition réelle des infrastructures en 2025

Une analyse des principaux fournisseurs cloud montre cette répartition bien plus nuancée :

Type de refroidissementConsommation eau/imagePart du parc IA
Tours évaporation3,45 L35%
Circuits fermés0,7 L45%
Immersion liquide0,2 L20%

Calcul de la moyenne pondérée : (3,45 × 0,35) + (0,7 × 0,45) + (0,2 × 0,20) = 1,58 L/image

Ce chiffre représente moins de la moitié de l'estimation initiale ! L'adoption massive de systèmes en boucle fermée (comme chez AWS et Google) et d'immersion totale (Microsoft) a divisé par 2,2 la consommation hydrique moyenne depuis 2023.

Du CO₂ à l'excès : l'erreur de calcul la plus flagrante

L'affirmation selon laquelle générer 1000 images équivaudrait aux émissions d'un trajet de 6,5 km en voiture thermique est peut-être la plus trompeuse. Elle ne prend en compte qu'une infime partie de la chaîne d'approvisionnement énergétique.

Avec un mix électrique mondial à 475g CO₂/kWh (source : AIE 2024) et notre consommation actualisée de 0,81 kWh/image, générer 1000 images émettrait en réalité 384kg de CO₂, équivalant à 3200km en voiture thermique moyenne (120g/km).

Cette différence colossale (3200km contre 6,5km !) s'explique par une méthodologie bien plus complète intégrant l'ensemble de la chaîne logistique électrique.

Le recyclage : l'atout ignoré des géants du cloud

Un autre facteur crucial ignoré : les datacenters leaders recyclent désormais 60% de leur eau en moyenne.

  • Microsoft atteint 95% de recyclage sur ses sites équipés de systèmes CLLCS
  • Google utilise 100% d'eaux non potables dans 25% de ses infrastructures

Conséquence concrète : chaque litre prélevé dans l'environnement permet de traiter 2,4 images en moyenne, contre seulement 0,29 image avec les systèmes linéaires d'il y a deux ans. Une amélioration d'un facteur 8 !

Pourquoi tant de confusion ?

L'erreur fondamentale de l'article de Frandroid ? Appliquer des données de 2023 à un écosystème technologique qui évolue à vitesse grand V. Dans le domaine de l'IA, deux années représentent une éternité en termes d'optimisation.

Mais attention à ne pas tomber dans l'excès inverse : si les chiffres par image s'améliorent, le volume global continue d'exploser. La demande a triplé depuis 2023, annulant partiellement les gains d'efficacité.

Le verdict : alarmisme excessif mais vigilance nécessaire

Une image générée en 2025 consomme en réalité 0,81 kWh et 1,58 L d'eau en moyenne, avec des écarts significatifs selon les fournisseurs de cloud. C'est toujours substantiel, mais loin des chiffres alarmistes brandis.

Pour mettre ces chiffres en perspective :

  • Une douche de 5 minutes consomme environ 75 litres d'eau
  • Une lessive en machine utilise entre 40 et 100 litres
  • Un trajet quotidien en voiture de 30 minutes émet bien plus de CO₂ que quelques générations d'images

Comment devenir un utilisateur éco-responsable d'IA générative ?

  1. Privilégiez les grands fournisseurs cloud qui investissent massivement dans l'efficacité énergétique
  2. Limitez les générations multiples d'une même image avec des variations minimes
  3. Utilisez des modèles adaptés à votre besoin - pas besoin d'un tank pour écraser une mouche
  4. Regardez les engagements environnementaux de vos outils IA préférés

Au final, la solution n'est pas de diaboliser ces technologies fascinantes, mais d'avoir conscience de leur impact réel pour les utiliser de façon raisonnée. Et surtout, d'exiger des entreprises du secteur une transparence accrue sur leur empreinte environnementale.

Alors oui, votre magnifique portrait façon Ghibli a un coût pour la planète, mais probablement bien moindre que ce que vous craigniez après avoir lu certains articles alarmistes.