Apple attaque l'UE sur l'interopérabilité iOS
Apple riposte ! Recours en justice contre l'UE qui force l'ouverture d'iOS aux concurrents. Le DMA secoue l'écosystème Apple.

Apple vient de dégainer l'artillerie lourde juridique. Le 30 mai 2025, la firme à la pomme a déposé un recours contre l'Union européenne, contestant les nouvelles règles qui l'obligent à ouvrir les portes de son royaume iOS aux concurrents. Imaginez un château fort numérique contraint d'abaisser son pont-levis : c'est exactement le combat que mène Apple contre le Digital Markets Act européen. Cette bataille judiciaire dessine les contours d'un affrontement titanesque entre l'écosystème verrouillé de Cupertino et les ambitions d'ouverture de Bruxelles.
Quand l'Europe sort les gros calibres réglementaires
Le Digital Markets Act, c'est un peu le marteau-pilon européen contre les monopoles numériques. Adopté en 2022 et pleinement opérationnel depuis mars 2024, ce règlement cible les "contrôleurs d'accès", traduisez : les géants qui tiennent les clés du royaume numérique.
Apple s'est retrouvé épinglé sur quatre fronts : l'App Store, iOS, Safari et iPadOS. Pas de chance pour Tim Cook ! En septembre 2024, la Commission européenne a dégainé une arme inédite : deux procédures de spécification, du jamais-vu dans l'arsenal DMA. L'objectif ? Transformer le bunker iOS en passoire réglementaire grâce à l'article 6 qui exige une "interopérabilité effective" avec les développeurs tiers.
Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la concurrence, ne mâche pas ses mots : "Il s'agit de guider Apple vers le respect effectif de ses obligations." Comprenez : "On va vous expliquer comment ouvrir votre coffre-fort, que ça vous plaise ou non."
La recette technique du grand déverrouillage
En mars 2025, Bruxelles a sorti la notice de montage détaillée. Apple doit ouvrir neuf fonctionnalités iOS jalousement gardées : affichage des notifications, connexions Wi-Fi Direct, NFC, processus d'appairage... C'est comme si on forçait Ferrari à partager les secrets de son moteur avec Renault !
Résultat concret ? Votre montre Samsung Galaxy pourra enfin discuter avec votre iPhone comme si c'était une Apple Watch. Votre casque Meta Quest se connectera à iOS avec la fluidité d'un Vision Pro. Fini l'apartheid technologique entre les marques !
La seconde vague d'obligations vise les coulisses : Apple doit documenter ses APIs comme un manuel IKEA (mais en plus clair), respecter des délais de traitement prévisibles et cesser de jouer les mystérieux avec les développeurs tiers. L'époque où obtenir l'accès aux entrailles d'iOS relevait de la quête du Graal touche à sa fin.
Cette révolution transforme l'écosystème des objets connectés en Far West concurrentiel. Les fabricants peuvent enfin proposer des alternatives crédibles aux accessoires Apple, avec la promesse de prix plus doux pour nos portefeuilles.
Apple sort l'artillerie lourde de la contre-attaque
La riposte d'Apple ? Un cocktail explosif de récriminations techniques et d'arguments sécuritaires. L'entreprise dénonce un processus "déraisonnable, coûteux et qui étouffe l'innovation", en gros, l'équivalent numérique d'un racket européen selon Cupertino.
L'argument massue ? La protection des données utilisateurs. Apple affirme que ces exigences équivalent à "partager des informations sensibles avec ses concurrents", créant un "risque majeur pour les utilisateurs européens". C'est un peu comme si on obligeait votre banque à donner vos codes secrets à la concurrence.
Le cas Meta illustre parfaitement ces craintes. En quelques mois, le géant du métavers a bombardé Apple de quinze demandes d'interopérabilité. Selon Cupertino, Meta réclame l'accès au "contenu des notifications", à "l'historique complet des réseaux Wi-Fi", la capacité de "lire les messages et mails", "voir les appels" ou "scanner les photos". Un menu dégustation de vie privée qui donne des sueurs froides à Apple.
L'entreprise a mobilisé 500 ingénieurs pour la conformité DMA ! Elle a aussi lancé un portail développeur dédié, preuve qu'elle prend la menace au sérieux. Mais Apple refuse de "offrir gratuitement ses nouvelles fonctionnalités à des entreprises qui ne respectent pas les mêmes règles". Message subliminal : pourquoi partager nos secrets avec des entreprises moins scrupuleuses ?
Un tsunami réglementaire aux répercussions mondiales
Cette guerre juridique dépasse largement les frontières européennes. C'est le laboratoire grandeur nature de la régulation technologique mondiale. L'approche européenne de "souveraineté numérique" inspire déjà d'autres continents qui observent cette expérience avec des jumelles.
Paradoxe savoureux : l'exigence d'ouverture accélère la fragmentation. Apple a déjà reporté le lancement de son IA générative en Europe à cause du DMA. La stratégie ? Créer un iOS "version européenne" bridée par rapport au reste du monde. L'arroseur arrosé !
Pour nous, utilisateurs européens, l'enjeu est colossal. Une victoire de Bruxelles ouvrirait un Far West concurrentiel dans l'écosystème des objets connectés : plus de choix, potentiellement moins cher, innovation stimulée. Une victoire d'Apple préserverait l'expérience intégrée légendaire mais limiterait l'innovation tierce.
L'épilogue d'une saga technologique
Ce recours d'Apple cristallise le grand schisme du numérique moderne : faut-il privilégier l'écosystème parfaitement huilé ou l'ouverture concurrentielle ? Cette bataille judiciaire, qui s'annonce marathon (plusieurs années au compteur), redessine la carte du pouvoir entre régulateurs et géants tech. L'issue influencera durablement l'innovation européenne et inspirera probablement d'autres régulateurs mondiaux dans leur approche des plateformes dominantes.
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