App Store : Apple cède face à l'UE et ouvre son écosystème

Apple transforme son App Store européen face au DMA : liens externes, paiements alternatifs et nouvelles taxes. Une révolution contrainte pour l'écosystème iOS.

App Store : Apple cède face à l'UE et ouvre son écosystème

Contraint par les règles strictes du DMA européen, Apple a finalement dévoilé le 26 juin des changements majeurs pour son App Store dans l'Union européenne. Face à la menace d'une amende de 500 millions d'euros, la firme de Cupertino assouplit ses règles tout en préservant ses intérêts financiers.

La fin d'un modèle verrouillé

L'empire Apple reposait jusqu'à présent sur un contrôle total de son écosystème. Depuis le lancement de l'App Store en 2008, la firme imposait un passage obligé par sa boutique pour toute application iOS et prélevait une commission allant jusqu'à 30% sur les achats intégrés. Ce modèle, longtemps défendu au nom de la sécurité et de l'expérience utilisateur, avait valu à Apple de nombreuses critiques et batailles juridiques avec des développeurs comme Epic Games.

Le Digital Markets Act (DMA), entré en vigueur en mars 2024, a radicalement changé la donne en imposant aux plateformes considérées comme "gardiennes de l'accès" d'ouvrir leurs écosystèmes à la concurrence. Après des mois de résistance et une amende de 500 millions d'euros infligée en avril 2025, Apple se voit contraint d'adapter son modèle économique.

Les nouvelles règles du jeu

Les développeurs bénéficient désormais de libertés inédites dans l'Union européenne :

  • Possibilité d'intégrer des liens vers des sites externes pour le paiement
  • Autorisation de promouvoir des offres spéciales via tous les canaux (applications, sites web, marketplaces alternatives)
  • Assouplissement des restrictions sur l'analyse d'audience et le suivi utilisateur
  • Simplification des avertissements lors des redirections vers des sites externes

La commission sur les achats réalisés via l'App Store est désormais de 20% (13% pour les petites entreprises), tandis qu'une taxe de 5 à 15% s'applique sur les achats via liens externes. Apple appelle cette dernière "Core Technology Commission" (CTC) et prévoit d'en faire son modèle unique en Europe d'ici janvier 2026.

"Ces changements créent des options supplémentaires pour les développeurs, notamment sur la façon dont ils peuvent distribuer leurs applications sur iOS et iPadOS, traiter les paiements, utiliser des moteurs de navigateur alternatifs, et accéder aux données et analyses concernant leurs applications", indique Apple dans sa documentation développeur.

Impacts concrets pour utilisateurs et développeurs

Pour les développeurs, ces modifications représentent une évolution majeure. Des services comme Spotify ou Netflix peuvent désormais promouvoir directement leurs offres et abonnements au sein de leurs applications, orienter les utilisateurs vers des méthodes de paiement alternatives moins coûteuses, et communiquer plus librement.

Pour les utilisateurs européens, l'expérience évolue avec davantage de choix, mais aussi potentiellement plus de complexité. La possibilité d'installer des applications hors App Store et d'utiliser des méthodes de paiement alternatives s'accompagne de nouvelles interfaces et d'avertissements.

Marc Leroy, analyste chez Digital Research, commente : "Apple joue un jeu d'équilibriste. D'un côté, l'entreprise cède suffisamment pour éviter d'autres sanctions, de l'autre, elle maintient une taxation et des contraintes techniques qui préservent une part de ses revenus et de son influence."

Un bras de fer qui continue

Malgré ces concessions, Apple n'abandonne pas la partie. L'entreprise a annoncé son intention de faire appel de l'amende de 500 millions d'euros et continue d'affirmer que l'ouverture de son écosystème représente des risques pour la sécurité et la confidentialité des utilisateurs.

Dans sa documentation développeur, Apple souligne que "le DMA impose des changements qui entraînent des risques accrus pour les utilisateurs et les développeurs, notamment de nouvelles voies pour les logiciels malveillants, la fraude, les arnaques, et d'autres menaces pour la sécurité et la confidentialité."

Parallèlement, l'App Store reste une machine financière impressionnante. Apple a récemment annoncé que son écosystème avait généré 1 300 milliards de dollars de revenus pour les développeurs en 2024, affirmant que 90% de ces ventes ne sont pas soumises à commission, un argument qui vise à minimiser l'impact des critiques sur son modèle économique.

Un tournant pour l'industrie mobile

Ces changements marquent un tournant historique dans l'écosystème mobile et pourraient influencer d'autres marchés hors de l'UE. Les développeurs peuvent désormais envisager des stratégies commerciales différenciées selon les régions, tandis que les utilisateurs européens serviront de test grandeur nature pour un modèle iOS plus ouvert.

Pour en savoir plus sur les changements en vigueur et leurs implications techniques, les développeurs peuvent consulter la documentation officielle d'Apple: https://developer.apple.com/support/dma-and-apps-in-the-eu/